Que pouic
Scrogn | 25 août 2013Ce qu’il y a de formidable avec les vacances, c’est que vous pouvez, en toute quiétude, vérifier certaines théories en vogue. Car se retrouver vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec votre horde a tôt fait de transformer vos journées en une étude scientifique, preuves à l’appui.
Ainsi, lorsque certains clament haut et fort que les garçons acquièrent un peu de maturité beaucoup, beaucoup, beaucoup plus tard que les filles, j’ai pu malheureusement démontrer la véracité de ce propos. Et en public en plus (même si nos voisins étaient anglophones). C’est qu’entendre hurler « pipi-caca-vomi-crotte-de-nez » sur une plage, avouez qu’il y a un petit quelque chose de gênant.
Non. En fait, je me liquéfiais de honte. D’autant que le galopin en question a plus de quarante ans.
Et un autre intérêt (tout relatif, jusqu’ici) de séjourner dans un pays pratiquant la langue de Mark Twain, réside dans l’espoir fou que votre progéniture (sociable au bout’) picorera çà et là des rudiments idiomatiques de l’endroit. Un peu de vocabulaire glané sur le sable, un soupçon d’accent américain entendu au fond d’un coquillage, une tournure de phrase pêchée au creux d’une vague.
Nonobstant ma qualité de vacancière ès « orteils-en-éventail », il m’arrivait inconsciemment de jouer mon rôle de maman attentive au développement de ses affreux.
Un soir où, n’ayant pas eu ma dose suffisante d’alcool, je demandais de façon étourdie à mon aîné s’il connaissait l’hymne national de notre pays, il entonna solennellement ( mais en chantant horriblement faux) :
– Ô Canada ! Terre de nos aïeux,
Ton front est ceint de fleurons glorieux !
Car ton bras sait porter l’épée,
Il sait porter la croix !
Ton histoire est une épopée
Des plus brillants exploits.
Et ta valeur, de foi trempée,
Protégera nos foyers et nos droits,
Protégera nos foyers et nos droits.
– Bien, lui fis-je. Mais comme tu veux intégrer l’armée, tu dois le savoir dans l’autre langue officielle itou. Qu’en est-il ?
Sans se démonter le moins du monde, le Crapulet re-massacra nos oreilles avec un horrible et caricatural accent anglais :
– Ô Kénéda ! Tewe deu nos aieux,
Ton fwont est ceint de fleuwons glowieux, etc. etc, etc…
Je vous fais la grâce du reste. Ça vous sauvera de la terrible migraine qui m’a terrassée après cet épisode.
Mais si j’adore revenir avec ma tribu sur le lieu de villégiature de mon enfance, il faut bien dire qu’il s’agit de vacances qui se méritent, vu les interminables heures de route. Nous partons en extrême fin de soirée pour éviter une attente trop longue à la frontière et Guinness conduit toute la nuit. D’où ma terreur de le voir s’endormir derrière le volant. de nocturne de conseils on ne peut plus raisonnables (et parfaitement exaspérants), chaque heure :
– On fait encore une pause pour que tu dormes un peu, mon chéri ?
– Mais voyons ! Tu ne veux quand même pas qu’on s’arrête à deux heures du matelas ?
– ??? Quand je te disais que tu étais fatigué…
– J’ai dit « deux heures du mat’, là « . Et tu m’emmerdes.
N.B. : je sais que le titre n’a aucun rapport avec le contenu du billet. Mais je suis tombée amoureuse de cette hilarante (pour moi) expression découverte chez Alphonse Allais, je vous l’impose sans aucun état d’âme. Na.